Le café (genre Coffea) et le cacao (genre Theobroma cacao L.)
Pendant cette période particulière de blocus et de fêtes de fin d’année, le café ainsi que le chocolat sous toutes leurs formes deviennent plus présents que d’habitude au cours de nos journées. C’est pour cela que le Musée des plantes médicinales et de la pharmacie a choisi ces plantes alimentaires, exposées en son sein, comme objet du mois.
La caféine est le principal composé actif du café et une tasse de café classique en contient environ 75 à 100 mg. Il s’agit d’un alcaloïde avec des capacités stimulantes du système nerveux central. Ses actions stimulantes résident principalement dans le fait que cette molécule fonctionne comme un antagoniste de certains récepteurs de l’adénosine. L’adénosine est, en effet, une molécule neuromodulatrice responsable des effets sédatifs que nous ressentons lorsque nous sommes fatigués. En raison de leur structure moléculaire similaire, la caféine peut tromper les récepteurs d’adénosine et les bloquer, ce qui nous empêche de nous sentir somnolents. Outre les effets énergétiques, plusieurs bioactivités bénéfiques ont été identifiées pour la caféine, telles que des effets anticancérigènes, anti-obésité, effets neuroprotecteurs ou diurétiques. Néanmoins, même si la caféine ne pose pas de risques quand elle est consommée en quantité modérée chez les adultes en bonne santé (≤ 400 mg par jour), elle n’est pas un composé inoffensif et pourrait causer une toxicité significative, voire une létalité (par exemple infarctus du myocarde ou arythmie) si des quantités excessives sont consommées.
Pourtant, même si le café est la principale source de caféine, cette molécule est aussi contenue dans d’autres plantes, telles que la kola, le cacao ou le thé. Très souvent, la caféine contenue dans le thé est dénommée ‘théine’, mais il s’agit bien de la même molécule. En fait, les molécules actives dans le thé et café ont été nommées dans le passé selon les boissons dans lesquelles elles étaient contenues avant de connaître leurs structures chimiques, qui se sont finalement avérées être identiques. Outre la caféine, les fèves de cacao contiennent également d’importantes quantités de théobromine, un autre alcaloïde avec des effets similaires à ceux de la caféine, bien que plus modérés. La théobromine est aussi une molécule stimulante au niveau du système nerveux central. Elle influence positivement l’humeur, ce qui explique que le chocolat soit tellement apprécié. Cependant, cette molécule peut être très toxique pour les animaux, raison pour laquelle il ne faut jamais donner du chocolat à nos mascottes !
Outre des alcaloïdes, ces boissons et produits (notamment café, cacao et thé) contiennent aussi d’autres composés qui peuvent agir de façon positive dans notre organisme. Particulièrement, elles sont toutes trois des sources importantes de polyphénols. Les polyphénols sont des composés chimiques d’origine végétale aux propriétés antioxydantes. Plusieurs bioactivités bénéfiques ont été attribuées aux polyphénols : activités antidiabétiques, stabilisation des radicaux libre, propriétés antibactériennes, antivirales anticancérigènes ou antiinflammatoires.
La richesse des composés bioactifs dans ces plantes fait actuellement l’objet de plusieurs lignes de recherche à la Faculté de Pharmacie de l’ULB, où se situe le Musée des plantes médicinales et de la pharmacie. Différentes études se focalisent ainsi sur la valorisation de feuilles de café et de sous-produits du cacao. Le but de ces recherches est de profiter de toutes ces molécules d’intérêt contenues dans le café et le cacao, tout en utilisant des parties de ces plantes différentes des fruits habituellement consommés, c’est-à-dire des parties qui ne sont pas souvent utilisées ou qui sont même jetées lors des processus de production [1-3]. Actuellement, deux thèses de doctorat et un projet de coopération (Brain, Belspo) sont en cours en lien à ces thématiques de recherche. La Faculté de Pharmacie travaille en collaboration avec l’Université de Turin (Italie) pour le sujet « Valorisation des composants bioactifs dans les sous-produits du cacao » [4] et avec l’Université de Grenoble Alpes (France), le Jardin botanique de Meise, l’Université de Kisangani (RDC) et d’autres partenaires pour le sujet « Valorisation des feuilles de café ».
Si vous voulez en savoir plus sur le café, une exposition sur cette thématique se tiendra prochainement au Jardin botanique de Meise. Notre musée a participé à l’élaboration de cet évènement. [1] Mees, C. et al. “Identification of coffee leaves using FT-NIR spectroscopy and SIMCA”. Talanta, 177, 2018, p. 4-11. https://doi.org/10.1016/j.talanta.2017.09.056
[2] Rodríguez-Gómez, R. et al. “Determination of three main chlorogenic acids in water extracts of coffee leaves by liquid chromatography coupled to an electrochemical detector”. Antioxidants, 7.10, 2018, p. 143. https://doi.org/10.3390/antiox7100143
[3] Souard, F. et al. “Metabolomics fingerprint of coffee species determined by untargeted-profiling study using LC-HRMS”. Food chemistry, 245, 2018, p. 603-612. https://doi.org/10.1016/j.foodchem.2017.10.022
[4] Rojo-Poveda, O. et al. “Cocoa Bean Shell—A By-Product with Nutritional Properties and Biofunctional Potential”. Nutrients, 12.4, 2020, p. 1123. https://doi.org/10.3390/nu12041123
Olga Rojo Poveda
PhD student, Musée des plantes médicinales et de la pharmacie