Depuis des temps très reculés, en Inde du Sud, les parents ne manquaient jamais de déposer, dans le berceau de leur enfant, un morceau de bois aux propriétés médicinales, appelé marapachi. Le terme marapachi désignerait l’espèce de l’arbre utilisé ; le marapachi était destiné à être sucé ou mâchonné par le bébé, qui bénéficiait ainsi des substances actives présentes dans le végétal.
La médecine traditionnelle enseignait que ces marapachis possédaient des propriétés bienfaisantes et guérissaient un grand nombre d’affections digestives, comme les coliques, la diarrhée, les douleurs intestinales et même celles des gencives lors de l’apparition des premières dents ; dans cette indication, la mère étendait au préalable du lait maternel sur le bois en le frottant longuement, puis le donnait à sucer à l’enfant.
Petit à petit, plutôt qu’un simple bout de bois, les marapachis furent travaillés en forme de poupées non articulées présentées en couple, de tailles et de formes variées (marapachibommai signifie jouets en bois), offertes aux jeunes mariés.
À l’origine, ces poupées semblent avoir été sculptées dans un bois particulier, le Kalimaruthu, de maruthu, bois dans le langage tamil, et de Kali, l’une des épouses de Shiva, adorée plus particulièrement par les populations des campagnes et des forêts. L’exemplaire exposé appartient à une collection d’une quarantaine de marapachis anciens découverts récemment et par hasard, lors de la vente d’une maison de Chettiyars, près de Madurai, situé à l’extrême sud de la péninsule indienne.